Jour 90 – Samedi saint K2Orch, 4'33" (John Cage)
Comme une pause dans le récit, comme si le temps lui-même était suspendu entre la mort du Christ et sa résurrection, le samedi saint est un jour de silence. C’est d’ailleurs le seul jour de l’année où aucune messe n’est célébrée.
Mais le silence n’est jamais tout à fait le silence. Cessons toute chose et nous entendrons ce que nous n’entendons plus le reste du temps. C’est l’expérience que proposait John Cage avec son œuvre en forme de provocation 4’33 ». Une pièce en trois mouvements : 1. Tacet ; 2. Tacet ; 3. Tacet. C’est-à-dire « il se tait » : l’indication pour dire à un instrumentiste qu’il ne joue pas. C’est de fait l’œuvre qui fit le plus de parler d’elle avec le moins de notes. Une sorte d’équivalent sonore du Carré blanc sur fond blanc de Malevitch.
L’œuvre est écrite initialement pour piano seul, mais elle a connu de nombreuses adaptations, même par un groupe de heavy metal. C’est ici un orchestre symphonique, avec soliste s’il vous plaît, qui se livre au jeu. En poussant l’ironie jusqu’à prendre soin de s’accorder.