Jour 182 – Simone Veil au Panthéon Camilla Mohaupt, Auschwitz Lied
Ce dimanche 1er juillet, les dépouilles de Simone Veil et de son époux Antoine sont transférées au Panthéon. Peu de femmes comptent au nombre des ces « grands hommes » envers qui la patrie se montre reconnaissante en les accueillant dans cette nécropole républicaine au sommet de la montagne saint Geneviève. La première, Sophie Berthelot, n’y fut admise que pour ne pas la séparer de son époux, le chimiste Marcellin Berthelot. C’est aujourd’hui l’inverse. Pour ne pas séparer, selon le vœu de la famille, ceux qui étaient restés unis pendant 67 ans de vie commune, Antoine Veil ira au Panthéon aux côté de Simone Veil.
C’est bien elle en effet à qui la République rend hommage. A bien des titres, sa vie fut exceptionnelle et les raisons ne manque pas d’honorer cette femme politique. Mais le choix d’avoir fait précéder la « panthéonisation » par deux jours de recueillement au Mémorial de la Shoah à Paris dit sans doute que la marque la plus profonde de sa vie reste l’expérience de l’horreur vécue, à l’âge de seize ans, dans le camp d’Auschwitz-Birkenau.
Ce nom évoque aujourd’hui ce que l’humanité a pu faire de pire – et seul le silence semble pouvoir convenir. Pourtant, il y eu de la musique dans les camps de concentration. L’un des exemples les plus célèbres est Olivier Messiaen qui composa et joua son Quatuor pour la fin du temps au Stalag VIII-A, à Görlitz.
D’autres partitions furent composés dans les camps de concentration et de travail. Le pianiste italien Francesco Lotoro travaille à les réunir et les faire connaître – comme ce Lied d’Auschwitz attribué à Camilla Mohaupt. Déportée à Auschwitz puis à Bergen Belsen, où elle écrit cet Lied sur la mélodie d’une chanson folklorique allemande (Wo die Nordseewellen trecken an der Strand). En voici la traduction en français.
« Entre le Weichsel et la Sola,
entre les marais et les campements,
les chaînes et les barbelés, se niche le KZ Auschwitz,
nid maudit, que les prisonniers détestent plus que la peste maligne.
Là, où sévissent la malaria, le typhus et d’autres maux encore,
là, où la maladie de l’âme congèle le coeur,
là, des dizaines de milliers d’hommes sont prisonniers,
loin de leur femme et de leurs enfants.
Là, on voit des files et des files de baraques construites par les mains des prisonniers qui,
sous la pluie et la tempête, doivent traîner sable et briques.
Bloc après bloc, ils bâtissent
pour les dizaines de milliers d’hommes qui doivent encore arriver.
(…) »