Jour 190 : Le Parlement réuni en Congrès à Versailles Jean-Baptiste Lully, Te Deum. Le Poème Harmonique, dir. Vincent Dumestre
Le Parlement était réuni en congrès à Versailles, pour un rendez-vous que le Président de la République veut désormais annuel. Mais certains parlementaires n’ont pas voulu répondre à l’invitation, critiquant la forme, à leur goût trop monarchique, de l’exercice. Les élus communistes ont préféré raviver la flamme du serment du jeu de paume, dans la salle même, tout près du château, où 300 députés du tiers-état et quelques uns du clergé de la noblesse s’engagèrent le 20 juin 1789 à ne plus se séparer avant d’avoir établi une Constitution. Voilà donc convoquée l’histoire de Versailles, intimement associée à l’histoire de France.
Mais ceux qui dénoncent la dérive monarchique d’Emmanuel Macron ne doivent pas bien se rendre compte de ce qu’était exactement l’ancien régime. Prétendre qu’un simple rendez-vous, une fois par an, devant des parlementaires élus par les Français, au suffrage direct ou indirect, serait un retour à la monarchie absolue est une aimable plaisanterie. On peut bien sûr contester l’utilité ou dénoncer les arrière-pensées de ce Congrès, mais cela ne justifie pas de raconter n’importe quoi.
Pour ceux qui ont oublié ce qu’était la puissance royale au temps de Louis XIV, voici un petit rappel en musique avec Lully, l’inévitable surintendant dans la musique royale, dont le Te Deum était, de son temps, la référence absolue de la musique officielle à la cour du Roi Soleil. Lully, habile courtisan et doué en affaire au moins autant qu’en musique, réussit à écraser toute concurrence et à s’imposer comme le musicien officiel du Grand Siècle, reléguant dans l’ombre tant d’autres compositeurs non moins brillants.
Ironie de l’histoire, son Te Deum est tombé un peu en disgrâce, comme Lully. C’est aujourd’hui celui de Charpentier, l’un de ses grands rivaux, qui est de loin le plus connu. Le Poème Harmonique, dirigé par Vincent Dumestre, a laissé de magnifiques enregistrements des deux.